Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/167

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& conduire à bride en esclaves : mais ils n’étaient environnés alors que de voisins, qui s’agrandissant de leurs dépouilles, étaient autorisés et invités par l’intérêt à les seconder ; où trouver donc des amis, pour donner du poids à leurs humbles remontrances ? Ces circonstances locales sont aujourd’hui furieusement altérées ! Quoi qu’il en soit, les Canadiens soupirèrent-ils du moins bien amèrement dès-lors d’avoir été vaincus, et de ne s’être pas ensevelis tous vivants sous les ruines de leur patrie.

Enfin, dans l’année 1774, la scène de la politique administratrice du Canada changea de décoration totale ; le bill de Québec vint prononcer, par l’organe de la législature, non pas la sentence fulminante, (le Parlement d’Angleterre est incapable, du moins intentionnellement, d’asservir) mais l’installation réelle, quoique non méditée, de l’asservissement de la province. Il est étonnant que la nature de cette législation, j’entends sa propriété ou son impropriété, ait été jusqu’à ce jour un ministère impénétrable à toute l’Angleterre ; c’est-à-dire à ses plus respectables têtes, à ses plus grands politiques, et à ses plus savants hommes d’État. Les uns canonisent le bill de Québec, et l’exaltent jusqu’aux nues, comme le plus beau chef-d’œuvre de la politique qui soit jamais émané de la sagesse du Sénat britannique ; tandis que les autres le foudroient, d’anathème, comme un monstre enfanté dans les atteliers du despotisme, pour la vexation