Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/191

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des malheureux pour des infractions dont la raison et la justice les absolvaient. À la nouvelle de cette humaine décision, le chirurgien-juge, l’impérieux M. Mabane, vole en poste de Québec à Montréal ; il convoque sur le champ une assemblée générale des conservateurs de paix ; il y somme, au nom du souverain, d’y conserver dans toute leur vigueur la teneur des lois : à cette autorité respectable, mais ici si indignement prostituée, une désobéissance, de nécessité, à la police, est punie en crime volontaire et public ; les réfractaires condamnés à l’amende de cinq liv. st. ; et les impuissants d’indigence, claquemurés dans un indigne prison. Juste ciel ! des bêtes de charge qui regimbent contre un joug trop pesant, à qui on les atèle, pourraient-elles être plus sévèrement fustigées ? Pauvres Canadiens, bridés, emuselés, entravés et fouettés ainsi, sans pitié, sous le garrot ! Bataille, première bataille de Québec, nous frapperez-vous toujours ? Vos coups sont-ils donc faits pour être éternels, toujours reproduits et renaissants de nos blessures ? Ah ! illustre marquis de Bouillé, est-ce ainsi que votre grande âme a perverti l’usage de la victoire ? Les vaincus, sous vos mains, n’ont-ils pas été les enfants les plus chéris de l’État conquérant ? Leur reconnaissance n’éclate-t-elle pas aujourd’hui, pour exalter la grandeur de votre générosité et de votre clémence ? L’Angleterre admirante, ne se fait-elle pas une gloire de porter à vos pieds le tribut de sa reconnaissance &