Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/227

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modérer, réfréner même, la puissance du premier, dans les diverses classes de son exertion, sur les derniers. Aujourd’hui qu’est chaque citoyen ? Un simple individu, isolé, réduit, par un gouvernement, à lui-même et à son unité d’inconséquente individualité. Et qu’est le gouverneur par la teneur même de sa patente royale ? Un homme public, soutenu de toutes les prérogatives de la couronne, encore bien amplifiées et outrées, puisqu’il est de fait armé de la toute puissance arbitraire du plus ambitieux despotisme ; il nous écrase du poids seul de sa double puissance gigantesque, balancée par aucun contrepoids en notre faveur. Eh, mais ! il fallait et il faut bien s’y attendre, aussi longtemps que, dans un conflit avec lui, un citoyen s’offrira avec une si monstrueuse disparité d’avantages et de force ; mais renforcez l’inégalité des armes du combattant faible et mal pourvu ; enveloppez-le de toute l’autorité, toute la protection, d’un corps législatif et public, qui représentant tous les individus de la province, soit à ce titre chargé d’office de veiller à l’observation des lois sous qui l’autorité du gouverneur lui-même soit forcée de plier ; alors toute oppression individuelle cessera de la part du gouverneur, parce qu’en attaquant les individus, il armerait contre lui tout le corps protecteur de qui ils relèvent. Voilà, Messieurs, présentée dans ses plus beaux attributs…