Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/248

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aux portes de la capitale, c’est-à-dire, maître et souverain de toute l’étendue de la colonie : Québec (quelques fortifications, que l’industrie aujourd’hui mal calculante, puisse entasser) peut tomber, sans coûter même la dépense d’un coup de canon. Il n’est que la providence canadienne, qui puisse l’enlever à cette dernière destinée, imparable par toute autre voie ; mais si les habitants sont pris par voie de fait et d’emblée au premier pas de l’irruption, leur prise ne décide-t-elle pas de la chute de la capitale ? Je m’arrête à l’explication ; le patriotisme m’en fait une loi. J’en dis assez pour faire entendre la nécessité d’arrêter l’invasion du premier coup. Déléguer aux troupes nationales de l’Angleterre ce premier office de résistance, exigerait une grosse armée en Canada, dont la valeur, en produit, ne répondrait pas à la valeur de l’entretien. C’est donc aux Canadiens à être ici leurs propres défenseurs, et leurs principaux gardiens : mais il faut les initier, les discipliner dans la science militaire, et les appuyer de chefs, sur les traces de qui, ils puissent marcher avec confiance et avec courage à la défense de leur patrie.

Un régiment à deux bataillons, répandu graduellement dans toute l’étendue de la colonie, formerait dans ses cantonnements divers, par l’émulation et l’exemple, les milices des paroisses respectives : le Canada, sur ce plan, deviendrait sous peu tout militaire et soldatesque. Ce serait alors à lui, et à la