Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/36

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comme prisonnier d’État en Angleterre, pour y être jugé d’après les lois et la constitution du Royaume ; néant enfin à cette dernière requête : le sanctuaire des lois n’en autorisait aucune autre.

C’est par ces dénis multipliés de toute équité que sa captivité a été prolongée jusqu’à 948 jours, sans aucun respect pour toutes les lois divines et humaines, et dans une province qui fait partie des domaines d’une nation qui se vante d’être libre et de n’être gouvernée que par les lois. Ce n’était pas cependant là l’intention du Général Haldimand, du moins dans le cors des procédés. Après la saisie du prisonnier, ce gouverneur ne fut pas longtemps à se convaincre que les soupçons étaient dénués de tout fondement et de tout appui, et que l’instigation malicieuse de ses suppôts l’avait emporté trop loin. Il confessa lui-même assez hautement son erreur et ses écarts, lorsqu’il donna les mains à l’élargissement du prisonnier à la sollicitation d’un des plus respectables membres du Conseil législatif de la province, (M. Levesque) : mais ce ne fut-là qu’une lueur de justice qui ne brilla quelques moments que comme un éclair ; le lendemain, le Général Haldimand redevint lui-même. Sans ancien ni nouveau délit constaté, ni même raisonnablement allégué, il rétracta sans façon sa parole d’homme d’honneur et de juge, en vraie girouette, (c’est l’expression technique de son lieutenant-gouverneur, M. Cramahé), dont la raison et l’équité variaient au gré des vents de ses