Page:Du Calvet - Appel à la justice de l'État, 1784.djvu/96

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tribunal un concussion positive et une rapine décidée. Le juge en chef, M. Hey, s’éleva contre l’injustice avec une animadversion sévère, contre le despotisme arbitraire que s’était arrogé le juge subalterne.

C’était l’ex-capitaine Fraser, (du sang du dernier Lord Lovat) qui, dans la guerre de 1756, rangé sous les étendards royaux dans le 60e régiment, avait essayé d’effacer par des services de marque les disgrâces domestiques de 1745 et 1746. Il dépouilla en 1765 le casque et la cuirasse pour endosser la robe longue. La passion ne m’aveugla jamais sur le mérite d’un ennemi à qui je ferai toujours gloire de payer le tribut d’hommage qui lui est dû. Le capitaine, aujourd’hui le juge Fraser, est une homme d’assez bon esprit quand il lui plaît d’en faire usage, doué d’assez belles connaissances, supérieures à ce que semblerait indiquer une jeunesse passée dans les camps et dans les armées : il annonce pas ses manières l’homme d’éducation ; d’ailleurs, naturellement juste, quand la haine ou l’amitié ne dictent point ses arrêts. Mais c’est un homme à tics, à caprices, à petitesses ; d’une délicatesse qui souvent s’offusque de son ombre ; mais surtout si impérieux, si haut, que, s’il monte sur ses échasses (élévation d’accès convulsifs et d’habitude chez lui) du sommet de sa hauteur, il n’apercevrait plus le clocher de St-Paul que dans le fond d’une vallée.