Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/120

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était mis en action à l’aide de fils de laiton reliés à une manivelle que le préposé faisait facilement mouvoir d’une seule main. Cette manivelle avait la forme exacte d’un petit télégraphe, s’appelait le répétiteur et reproduisait toutes les attitudes qu’elle transmettait au régulateur et aux indicateurs ; ceux-ci étaient construits en forme de persienne, avec des lames de cuivre qui leur donnaient à la fois plus de légèreté, plus de solidité et les exposaient moins à être renversés par le vent ; deux lorgnettes fixées dans les murs de la logette où se tenait le stationnaire et dirigées vers les deux télégraphes avec lesquels il était en communication, complétaient cet appareil peu compliqué.

Après bien des études, bien des observations, on s’arrêta à un nombre de quatre-vingt-seize signaux formés par les quatre-vingt-seize mouvements divers du télégraphe, combinés d’après les positions absolument distinctes que les trois pièces pouvaient prendre entre elles. Quatre de ces signaux furent expressément réservés à la correspondance des employés entre eux, lorsqu’ils avaient à se prévenir d’un fait normal pouvant interrompre momentanément le service de la ligne, tel que brouillard ou absence d’un préposé. Il restait donc quatre-vingt douze signaux qu’on pouvait appliquer à la transmission des dépêches. Partant de cette donnée, Claude Chappe, aidé de Léon Delaunay et d’un inspecteur nommé Durand, rédigea trois vocabulaires contenant chacun quatre vingt-douze pages qui chacune renfermaient quatre-vingt douze mots, phrases ou noms propres. — Le premier était consacré aux mots, le second à des phrases usuelles, le troisième aux noms géographiques. On avait donc ainsi un dictionnaire télégraphique de vingt-cinq mille trois cent quatre-vingt-douze vocables. Chaque vocabulaire, chaque page, chaque ligne étaient marqués d’un signe spécial. Dès lors la façon de procéder se comprend