Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/137

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Il provoque et il obtient le 25 novembre 1844 une ordonnance royale qui ouvre au ministère de l’intérieur un crédit extraordinaire de 240 000 francs, destiné à la construction d’une ligne de télégraphie électrique entre Paris et Rouen. M. Foy y mettait un légitime amour propre, et, grâce à lui, les travaux furent entrepris et poussés avec une extrême activité. La première, la solennelle expérience eut lieu le 18 mai 1845 à la gare du chemin de fer de Saint-Germain. Comme celle que Claude Chappe avait dirigée cinquante et un ans plus tôt sur les hauteurs de Ménilmontant, elle fut concluante. En présence des faits qui se révélèrent successivement pendant cette première séance, en présence de la rapidité, de la sûreté, de la régularité de la transmission des dépêches, on fut persuadé que ce nouveau mode de communication était non-seulement possible, mais facile et d’un usage désormais assuré.

M. Foy se trouvait néanmoins en face d’une difficulté qui pouvait causer de graves embarras à son administration. Les télégraphes aériens existaient partout en France, et, malgré toute bonne volonté, on ne pouvait les remplacer immédiatement par les engins électrodynamiques. Il fallait cependant les utiliser, exiger d’eux les services qu’ils pouvaient rendre encore jusqu’au jour où ils céderaient la place aux nouveaux venus. Or ces derniers écrivaient et les premiers signalaient. L’unité du système indicatif était brisée ; faudrait-il donc faire traduire en langage aérien les dépêches électriques, lorsqu’une ligne ancienne se trouvait en communication avec une ligne nouvelle ? Le problème paraissait malaisé à résoudre ; M. Foy s’en tira avec une habileté parfaite. Ne voulant et ne pouvant se servir de l’appareil Wheatstone, qui soulevait des lettres, ni de l’appareil Morse, qui traçait des lignes et des points correspondant aux