Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/271

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est-ce qui va à Chatou ? » Trois voyageurs répondirent. L’employé fit exhiber les billets. Je quittai ma lecture, de fort méchante humeur, déclarant à haute voix qu’il était insupportable d’être ainsi dérangé. Je dis à l’agent : « Mais si j’allais à Asnières, vous ne me demanderiez donc pas mon billet ? » Imperturbablement il répliqua : « Non, monsieur. » Je levai les épaules avec cette sotte irritation parisienne que nous connaissons tous et je fouillai dans ma poche : je les retournai toutes sans retrouver le petit sac à fermoir que je cherchais. Mon exclamation involontaire apprit à l’employé quel était mon embarras, il se mit à sourire et me dit : « Monsieur, voici votre porte-monnaie. » Il l’avait trouvé sur la voie et avait été de wagon en wagon exiger qu’on lui montrât les billets pour Chatou, afin d’être bien certain de découvrir le propriétaire. S’il avait crié : Qui est-ce qui a perdu un porte-monnaie ? il est probable que dans le convoi dix personnes auraient réclamé.

Il ne suffit pas aux compagnies de transporter les voyageurs et les marchandises aux stations des lignes exploitées ; elles les conduisent aussi sur différents points de Paris, et pour cela elles ont un service spécial d’omnibus et de camions. L’Ouest emploie à cette exploitation particulière 350 voitures et 650 chevaux. Ses omnibus roulants sont au nombre de 41 ; 24 pendant l’hiver, 30 pendant l’été et 11 de réserve pour les jours d’affluence exceptionnelle. Les voitures de factage et les camions portent les colis, les groups et les marchandises à domicile. Les omnibus ont été mis à la disposition des voyageurs à la gare de l’Ouest dès le principe, quand fonctionnait la seule ligne de Saint-Germain. Un ancien maître de poste, M. Aureau, avait pris ce service à cœur et lui donna au début même une importance considérable ; les chevaux étaient choisis avec un soin extrême ; forts, vigoureux, à large poitrail, à jambes