Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/309

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achevé, qu’on élevait sur la seconde arche une pompe qu’on appela la Samaritaine et qui avait son gouverneur comme un château royal ; elle était fort aimée des badauds parisiens, qui venaient en écouter le carillon ; après avoir été reconstruite en 1772, elle fut abattue en 1813. Ce n’était pas le seul édifice inutile qui embarrassait le pont Neuf ; on se souvient encore des vingt boutiques dessinées par Soufflot, qui s’arrondissaient sur le parapet et semblaient prolonger les piles : on y vendait des habits, des chapeaux, des briquets-Fumade ; tout cela a disparu enfin, et au lieu de ces logettes laides et désagréables, on a placé des bancs semi-circulaires qui ne gênent pas la vue, n’entravent pas la circulation et servent aux passants fatigués.

L’accroissement extraordinaire que subit Paris pendant le dix-septième siècle est prouvé par la quantité de ponts qu’on y élève pour mettre les différents quartiers en communication les uns avec les autres, augmenter les facilités de circulation d’une rive à l’autre de la Seine et remplacer avantageusement les bacs, les batelets, dont les derniers ne disparurent cependant que vers 1820. En 1635, le pont Marie est terminé ; le pont de la Tournelle, d’abord bâti en bois en 1620, est refait en pierre en 1656 ; en 1634, on établit le pont au Double, ainsi nommé parce qu’il fallait payer un double denier pour avoir le droit de le traverser. Jusqu’au milieu du dix-septième siècle, on ne communique des Tuileries à la rive gauche que par un bac dont le souvenir est conservé aujourd’hui encore par la rue qui porte ce nom. Vers 1632, le sieur Barbier, contrôleur général des forêts de l’Ile-de-France, fit bâtir un pont de bois qui s’appela le pont Barbier, le pont Sainte-Anne, en l’honneur de la reine, et bien plus communément le pont Rouge à cause de la couleur dont il était revêtu ; d’après le plan de Gomboust, il aboutissait précisément en face la rue