Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/37

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qui se passait dans les provinces, il disposa sur les routes militaires, à de courtes distances, d’abord des jeunes gens, puis des voitures, parce qu’il lui parut plus commode de pouvoir interroger aussi les courriers qui lui étaient dépêchés d’un lieu quelconque, quand les circonstances l’exigeaient[1]. » L’esprit soupçonneux de Tibère et de ses successeurs, le génie organisateur des Romains, ne devaient pas tarder à donner un développement régulier et considérable à ce genre d’administration. Bientôt, en effet, l’organisation postale fut complète et fonctionna dans la plus grande partie de l’empire.

Il n’est pas superflu d’énumérer rapidement les divers services dont elle se composait, car nous les retrouvons plus tard sans modifications essentielles, lorsque nous aurons à parler des postes françaises. Nos inventions n’ont été en majeure partie qu’un retour intelligent aux usages de la Rome antique. Sur ces grandes voies de communication dont les débris font encore aujourd’hui l’admiration des voyageurs, l’empire romain avait établi de distance en distance des hôtelleries (mansiones) tenues par des maîtres de poste (mancipes), et des relais (mutationes) où l’on trouvait des chevaux de rechange. Les messagers spéciaux du gouvernement (cursores regii) couraient à franc étrier sur des equi singulares, qui correspondent très-nettement à ce que nous appelions, il y a peu de temps encore, des bidets de poste. Les voyageurs moins pressés, ou qui redoutaient la fatigue, trouvaient aux stations indiquées des voitures (carpenta, rhedœ) attelées de huit chevaux ou mules, avec renforts de bœufs dans les passages ou les saisons difficiles, et que conduisaient des carpentarii ; il était même possible de se faire précéder par des postillons (cartabulenses)

  1. Suét., de Aug, xlix.