Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/78

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facteur prend dans le monceau de lettres celles qui sont destinées aux rues qu’il dessert, et les dispose selon l’ordre même de sa distribution. Dans cette salle, si curieuse à visiter lorsque cette fourmilière s’y agite silencieusement, il y a une douzième table qui figure une douzième zone ; elle représente un canton fictif le canton des erreurs. En effet, dans la hâte excessive de ce tri, il n’est pas rare et il est fort naturel qu’un employé se trompe, qu’il attribue au district no 7 ce qui appartient au district no 9. Il est presque sans exemple qu’un facteur ne relève pas immédiatement l’erreur ; la lettre qu’on a envoyée à sa table est alors expédiée, séance tenante, à cette douzième table supplémentaire. Là l’erreur est rectifiée, et la lettre est remise aux distributeurs de la circonscription à laquelle elle appartient.

Ce n’est pas tout ; il arrive tous les jours qu’en écrivant une adresse on mette le nom du destinataire et qu’on oublie d’indiquer sa demeure. Toutes les lettres dont l’adresse est ainsi incomplète sont remises à un inspecteur ; il monte dans une petite chaire située précisément au milieu de la salle, et d’où il domine facilement tous les facteurs occupés à leur piquage. Il crie d’une voix haute : Attention à l’appel ! et alors il prononce le nom qui, sur la lettre, n’a été suivi d’aucune indication d’adresse. Le facteur qui est accoutumé à voir ce nom dans son service se lève, donne le renseignement demandé et devient dépositaire de la lettre. Dans un coin, devant une toute petite table, un facteur particulier, dit facteur du gouvernement, ayant comme tel le droit de porter une broderie d’or au collet, un chapeau à trois cornes sur la tête et un portefeuille au lieu de boîte, fait le tri spécial des Tuileries.

Chaque facteur, quand son piquage est terminé, reçoit les lettres non affranchies dont il doit toucher la taxe ; on lui remet en même temps une feuille sur laquelle