Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/84

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Nièvre. Une lettre simplement adressée à M. F. O. à sa fabrique sera vérifiée, complétée, et partira ensuite sans encombre pour Vernon, Eure. Parfois un mot oublié, le mot principal, celui de la ville même, amène un autre genre de recherches. J’ai vu l’adresse suivante : M. P., négociant, Isère. Immédiatement en interrogeant l’Almanach de Bottin, on apprit qu’il y avait à Grenoble un M. P. qui est marchand de bois. Ceci n’est pas un cas de certitude, ce n’est qu’un cas de probabilité. La lettre sera dirigée sur Grenoble ; si elle y est refusée, on tentera de nouvelles démarches. Il y a des suscriptions qui rendent forcément toute transmission impossible : Mlle Françoise, pour faire parvenir à son père. Lille en Flandre. Ici le mystère est trop profond, et il faut renoncer à le pénétrer.

Une lettre porte à M. N. à la Ferté : il y a en France vingt-neuf villes ou villages de ce nom. Si nul indice particulier ne fait présumer que ce soit pour tel endroit plutôt que pour tel autre, la lettre s’en ira à toutes les la Ferté connues, sera frappée d’un timbre particulier à la poste de chacune de ces localités, et finira par rencontrer le destinataire qui, sans aucun doute, se plaindra du retard qu’aura subi sa lettre, mais ne payera pas un centime de surtaxe pour tous les voyages de découverte que l’étourderie de son expéditeur lui aura fait subir. Le travail le plus pénible est celui qui s’accomplit sur les adresses réellement frelatées à cause d’une orthographe impossible et de désignations improbables. Il faut une sagacité et une patience de Peau-Rouge pour arriver à reconstituer ces lignes hiéroglyphiques près desquelles les palimpsestes d’Herculanum paraissent faciles à lire du premier coup d’œil. Je puis transcrire d’invraisemblables suscriptions que j’ai vues, mais je ne puis en figurer l’écriture titubante, la disposition folle, l’inextricable enchevêtrement ; en voici