Page:Du Camp - Paris, tome 1.djvu/97

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accroître. L’homme éminent qui dirige les postes avec une ardeur et une connaissance approfondie de son sujet auxquelles chacun rend justice, épuise son intelligence à chercher des palliatifs, à imaginer de nouvelles combinaisons empiriques, à parer aux dangers que lui apporte sans cesse l’augmentation des correspondances combinée avec l’insuffisance de plus en plus accentuée du local. On a parfois passé des journées entières — je parle sérieusement — à chercher comment on placerait une table dans une salle afin de ne gêner les mouvements d’aucun agent et de pouvoir introduire un employé de plus. C’est puéril, mais désespérant.

Tel est le côté matériel défectueux de l’administration des postes ; quant à ses imperfections d’un autre ordre, elles méritent qu’on en dise un mot. La France est aujourd’hui le seul pays où la poste appartienne à l’élément fiscal : elle dépend du ministère des finances ; elle rapporte des bénéfices fort importants, qu’elle ne peut même pas employer à d’indispensables améliorations. Elle est une source de revenus pour l’État, qui ne fait rien en sa faveur, se déclare trop pauvre pour lui venir sérieusement en aide, et la force à fonctionner dans des conditions désastreuses. Le transport des correspondances est un service public ; s’il couvre ses frais, c’est tout ce qu’on peut en exiger ; il doit avoir le droit de se parfaire avec ses propres ressources, et ne doit verser celles-ci au Trésor que si elles lui sont absolument inutiles. La poste, qui occupe 28 500 employés, qui maintenant par ses paquebots va aux quatre coins du monde, où elle a des agents spéciaux, qui, pendant ces sept dernières années, a fait 448 665 216 francs de recette brute, sur lesquels le Trésor a recueilli un bénéfice net de 91 289 589 francs, mérite d’être indépendante, d’être soustraite à la fiscalité qui en profite sans la secourir, et de devenir enfin une sorte de surinten-