Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/199

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mâchoires des moulins, celles-ci n’en rendent guère plus de 5 000 suffisamment pulvérisés. Dans cet atelier, comme dans tous ceux où le tabac se présente sous forme de poudre ou de feuilles volantes, les ouvriers sont chaussés de longues bottes de toile rattachées au genou, qui leur permettent d’aller et de venir sans maculer, sans détruire, sans emporter sous leurs pieds des parcelles qui peuvent être utilisées pour la fabrication.

Le tabac étant porphyrisé, on peut croire qu’il n’y a plus qu’à le mettre dans des boîtes et à chanter : J’ai du bon tabac dans ma tabatière. Patience ! nous n’en sommes pas encore là. Il prend dès lors le nom de râpé sec et est enfermé, à l’abri de la lumière, dans de fortes cases en bois de chêne fermées par des poutrelles maintenues à l’aide de crochets de fer. Là il reste deux mois et fait une sorte de stage comme pour se reposer des manipulations qu’il a subies et se préparer à celles qui l’attendent bientôt. Il participe à la température extérieure ; mais comme il est parfaitement desséché, on n’a pas à craindre qu’il soit atteint par une fermentation intempestive. Au bout de huit ou dix semaines, il est enlevé du réduit où il était enfermé et jeté à la pelle dans une cuve carrée qui peut contenir 2 000 kilogrammes de poudre. Là il reçoit une seconde mouillade effectuée à raison de 18 p. 100 d’eau contenant elle-même 15 p. 100 de sel marin : de sorte que, par la première et par la seconde mouillade cinq kilogrammes de chlorure de sodium sont incorporés à 100 kilogrammes de tabac à priser. Devenu du râpé humide, il est de nouveau remis en cases par masses compactes de 25 à 30 kilogrammes. C’est là qu’il doit supporter la seconde fermentation.

Pour activer cette dernière, on prend dans une case, où déjà le ferment est en travail, une portion de tabac,