Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/244

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Lorsqu’on regarde avec attention une pièce de monnaie quelconque, on s’aperçoit qu’indépendamment de l’effigie, du nom du souverain, de l’écusson, du millésime, de la légende et de la tranche, elle porte certains indices particuliers qui semblent arbitraires, et n’offrent au premier abord aucune signification satisfaisante. Ces marques, qui sont invariablement au nombre de trois, sont des signatures. Tout hôtel des monnaies a une lettre spéciale[1] qu’on appelait jadis le point secret, destiné à indiquer la provenance des espèces. Paris a toujours l’A, et un proverbe resté vivant dans le peuple parisien dit d’une bonne chose : elle est marquée à l’A. Le directeur de la fabrication met aussi son poinçon sur la pièce, c’est la marque ; celle du directeur actuel figure une abeille. Enfin le troisième signe appartient au graveur général, et se nomme le différent[2]. Celui de M. Albert Barre représente une ancre. La place que ces signatures occupent sur la pièce a été fixée par des arrêtés de la commission des monnaies en date du 25 avril et du 15 mai 1865, et cette place varie selon le métal et la valeur de chaque espèce. C’est une précaution de plus prise contre les faux-monnayeurs et une preuve de la responsabilité acceptée par le graveur, le directeur et la commission.

Ce qui constitue le caractère spécial des monnaies, ce n’est ni le titre, ni le métal, car alors un simple flan pourrait entrer en circulation régulière, c’est l’empreinte. Seule l’empreinte dont elles sont frappées les rend légales ; l’empreinte en garantit le titre, le poids, et leur donne cours forcé pour la valeur qu’elles représentent. Aussi le fonctionnaire qui a sur les monnaies une

  1. Strasbourg marque BB, Bordeaux K. — Rouen marquait B, Lyon D, Marseille M, Lille W.
  2. Différent ou déférent, les deux termes ont toujours été usités indistinctement ; je pencherais pour le second, du latin deferre, mettre de haut en bas.