Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/277

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lections. Pour les médailles, passe encore ; mais, pour les monnaies, la mesure paraît bien excessive, car, si un établissement public a le droit de posséder un musée monétaire complet, c’est incontestablement l’hôtel du quai Conti. Quoi qu’il en soit, les vitrines sont curieuses à étudier, car, malgré les lacunes trop apparentes qu’elles étaient au grand jour comme des plaies douloureuses, elles renferment des échantillons d’une valeur exceptionnelle. En dehors des monnaies étrangères, nos seules pièces françaises offrent un intérêt réel. On y trouve le spécimen de la pièce d’argent frappée en 1595 à l’effigie de cet éphémère Charles X qui n’était autre que le cardinal de Bourbon ; des pieds-forts très-remarquables portant tous des légendes différentes[1] ; des pièces de plaisir, large monnaie arbitraire faite exprès pour les rois, qui s’en servaient en guise de cadeaux ; le magnifique écu de six livres frappé en 1786 par Pierre Droz, qui réinventait la virole brisée ; cet écu, qu’on appelait l’écu de Calonne, est un essai qui, s’il avait été poursuivi, aurait mis dans la circulation la plus belle monnaie d’argent que la France eût jamais possédée ; l’effigie, dont les longs cheveux surtout sont traités avec un art infini, est d’une délicatesse remarquable, et le revers offrant l’image de trois L fleuries et réunies est un chef-d’œuvre de goût et d’arrangement. Ce même Pierre Droz avait été chargé plus tard de fabriquer la monnaie de Berthier, et il existe au musée des pièces de cinq et de deux francs qui, autour d’une tête assez médiocre, portent pour légende : Alexandre,

  1. Teston Charles IX, 1573 : Verœ religionis assertori. Testons et francs de Henri III : Paci quieti ac felicitati publicœ. Quart d’écu du même : Constitutæ rei nummariæ exemplum. Franc de Henri IV ; Perennitati principes Galliæ restitutoris ; huitième d’écu du même : Probati numismatis exemplum. Franc de Louis XIII ; Justissimi regis perennitati ; louis d’argent du même : Ludovico XIII monetæ restitutori. Louis et écus blancs de Louis XIV : Pondere sanctuarii. Écu de Calonne (Louis XVI, 1786) : Domine salvum fac regem.