Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/366

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous avons entendu plusieurs employés du gaz qui blâmaient ce travail comme présentant de très-grands dangers ; cependant il fallut bien reconnaître qu’une fois ce travail terminé, tout danger d’explosion avait disparu.

Le feu, dans les caves, avait une telle intensité, qu’il était impossible de se tenir près des grilles, et c’est sans doute cette circonstance qui a empêché les pompiers d’établir leurs garnitures sur des pas-de-vis montés exprès aux conduites d’eau au pourtour du pavillon.

Avant onze heures, M. le préfet de police, avec M. le secrétaire général et tout l’état-major des pompiers, étaient présents sur le lieu du sinistre.

Vers onze heures et demie, la voûte, au centre du pavillon, s’écroulait avec un fracas épouvantable et formait un trou béant de plus de 100 mètres superficiels.

Malheureusement le caporal des pompiers Hartmann se trouvait sur cette voûte avec une lance de pompe pour projeter de l’eau par une ouverture existant dans cette voûte, et il fut entraîné, avec les matériaux, dans cette affreuse fournaise.

Au bruit occasionné par ce nouveau sinistre, nous nous sommes rendu sur les lieux et nous avons aperçu là un pompier qui, après avoir saisi un cordage et avoir été ramené jusqu’au sommet de la voûte, était retombé dans le feu.

Une échelle de fer, aussitôt mise dans cette fournaise, a permis à ce malheureux militaire d’être retiré dans un très-bref délai.

Nous pensions que ce pompier n’était autre que le caporal Hartmann, qui avait été porté aussitôt chez le sieur Baratte, restaurateur, rue Berger, n° 8, où nous lui avons fait donner des secours par le docteur Chammartin, demeurant rue Bertin-Poirée, n° 14, qui n’a pas quitté de la nuit le lieu du sinistre, non plus que son confrère, M. Marchand, demeurant rue de l’Aiguillerie, n° 3.

Le docteur Chammartin avait reconnu que Hartmann avait tout le corps brûlé au troisième degré et qu’il ne pourrait vivre que quelques heures.

Nous l’avons fait porter de suite à l’hôpital des pompiers, rue du Faubourg-Saint-Martin.

Nous avons appris, un peu plus tard, par un officier des pompiers, qu’au moment où la voûte s’était ouverte et où Hartmann avait été englouti, il était resté comme mort, et que c’était le sergent Boulard (caserne du Château-d’Eau), qui s’était précipité dans la fournaise, avait attaché avec une promptitude incroyable son camarade, que l’on avait remonté anssitôt, et que c’était le sergent Boulard que nous avions vu retirer au moyen de l’échelle de fer.

Ce brave sergent n’avait eu qu’une blessure légère à la main.