Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion de Juillet éclate, les circonstances atténuantes permettent d’abaisser la peine d’un ou de deux degrés ; immédiatement le nombre diminue d’une façon sensible : de 1831 à 1835, 327 condamnations qui n’entraînent que 154 exécutions ; de 1836 à 1840, 197 condamnations, 147 exécutions ; de 1841 à 1845, 240 condamnations, 178 exécutions ; de 1846 à 1850, 245 condamnations, 85 exécutions ; de 1851 à 1856, 282 condamnations, 138 exécutions ; de 1856 à 1860, 217 condamnations, 120 exécutions ; de 1861 à 1865, 108 condamnations, 63 exécutions ; de 1866 au 1er janvier 1869, 56 condamnations, 31 exécutions. Ainsi, dans les huit dernières années, 134 condamnations n’ont été suivies que de 94 exécutions, ce qui ne donne pas 12 par an sur une population évaluée à 38 millions d’âmes. Depuis 1830 jusqu’à la fin de 1869, la cour d’assises de la Seine a prononcé 106 condamnations capitales, dont 49 ont été commuées. Dans une période de quarante ans, l’échafaud n’a donc été dressé que cinquante-sept fois sur nos places publiques. Si l’on pouvait citer en regard de ces chiffres le nombre des malheureux exécutés au siècle dernier, — je ne parle et ne veux parler que de justice criminelle, — on serait étonné de voir combien la législation, pénétrée par le progrès des mœurs et réagissant sur elles, s’est modifiée et adoucie.

Aujourd’hui on cache les bois de justice, on ne les montre que pendant le temps strictement indispensable ; il y a cent ans, le gibet, scellé dans la pierre, tendait son bras sinistre dans nos rues, et semblait toujours attendre le patient. Il ne se passait pas de semaine, pas de jour peut-être, qu’il ne reçût sa proie ; c’était une telle affaire d’habitude, qu’on n’y faisait guère attention, et que l’exécuteur pouvait dire à un prêtre condamné qu’il menait pendre et qui s’accrochait avec dé-