Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/73

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’hui s’il n’en subsistait encore une étroite portion visible sur le quai des Orfèvres. Pendant la Révolution, les maires de Paris occupèrent successivement l’hôtel ; en 1792, la commission qui présida aux massacres de septembre y siégeait, et c’est là que la préfecture de police fut installée en 1800, après l’arrêté organique du 12 messidor an VIII.

Il n’y a pas au monde une administration plus mal logée. L’hôtel primitif n’a pas tardé à devenir insuffisant ; on s’est agrandi comme on a pu, sans régularité, sans ordre, un peu au hasard, sans même pouvoir tenir compte d’un service qui, plus que tout autre, pour être actif et rondement mené, exige une extrême centralisation. On a réuni par des couloirs arbitraires, par des escaliers qui ressemblent à des échelles de meunier, par des portes percées après coup, des maisons mitoyennes qui, sur la place Dauphine, la rue du Harlay, le quai de l’Horloge et le quai des Orfèvres, dressent leurs murs lézardés de vieillesse. Ces maisons sont pour la plupart soutenues par des étais et, malgré ces béquilles, semblent osciller et près de tomber quand soufflent les grands vents d’ouest. Tous ces vieux plâtras, qui restent debout par miracle, et qu’on n’ose plus réparer, dans la crainte de les faire ébouler, vont bientôt disparaître, et la préfecture de police trouvera un gîte plus convenable dans l’enceinte des nouveaux bâtiments du Palais de Justice.

La police, telle que nous la voyons fonctionner à cette heure, est de création relativement récente. Autrefois le soin de veiller à la sécurité de Paris appartenait au prévôt des marchands, qui, vers le quatorzième siècle, délégua une partie de son autorité à un lieutenant civil et à un lieutenant criminel, dont les fonctions furent, au siècle suivant, érigées en offices que les titulaires achetaient à beaux deniers comptant,