Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/103

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eut de fréquents entretiens avec le président. Il obtint de lui que l’Université, qu’il lui représentait comme un foyer d’opposition permanente, comme la réserve où se recrutaient les adversaires de tout pouvoir régulier, de toute religion, serait supprimée, que les colléges même deviendraient des institutions particulières, et l’on devine le parti que pouvaient en tirer ceux qui se croient exclusivement appelés à diriger l’enseignement, en vertu de l’axiome : Ad eum qui regit christianam rempublicam, scholarum regimen pertinet.

Jamais l’Université n’avait couru un tel danger, et l’on pouvait croire que c’en était fait de cette vieille mère dont nous sommes tous sortis. Le décret de confiscation des biens de la famille d’Orléans éloigna M. de Montalembert de Louis-Napoléon ; avec une grande habileté, M. Fortoul profita de cet incident. Il déclara, il prouva que l’Université seule était en mesure de donner l’enseignement scientifique, vers lequel se portaient tous les esprits ; il démontra que, si on la supprimait, toutes les écoles spéciales allaient être bientôt désertes, au grand détriment de la jeunesse et du pays ; il ébranla une conviction qui, dans l’espèce, s’appuyait plutôt sur la passion d’autrui que sur une opinion personnelle ; il invoqua le souvenir du premier empire, qui avait recréé l’Université ; il proposa comme moyen terme la bifurcation, qui fut acceptée, et par le fait il conserva un ordre de choses si gravement en péril qu’il fallait « changer ou mourir » ; le mot a été dit.

Les adversaires immédiats de l’Université ont deviné ce qui s’était passé ; ils se sont mis en mesure de profiter d’une occurrence pareille, si jamais elle se représentait, et avec un succès croissant que nul ne peut nier, ils donnent l’enseignement spécial qui ouvre l’entrée de nos grandes écoles scientifiques. M. Fortoul fit plus : la loi de 1850 avait singulièrement amoindri l’influence