Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/105

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27 septembre 1872 n’ait le sort de l’instruction du 15 novembre 1854[1]. Il faut peut-être une nouvelle génération pour qu’une révolution sérieuse et féconde soit accomplie dans l’enseignement secondaire. Cette circulaire n’a pas eu le don de plaire à tout le monde ; elle a soulevé des animosités qui, on serait tenté de le croire, visaient l’homme politique beaucoup plus que les réformes scolaires essayées par lui. Dès qu’elle eut paru, un évêque qui doit beaucoup à ses succès pédagogiques déclara dans une lettre publique qu’il fallait « n’en tenir aucun compte ». Il y a là un désarroi, je le répète, dont l’enseignement souffre cruellement et qui, pendant de longues années, peut lui causer un mal irréparable.

Il est inutile d’analyser cette circulaire ; elle est connue, tous les journaux s’en sont occupés, et la tribune de l’Assemblée en a violemment retenti. Elle poursuit le but que M. Fortoul avait tenté de toucher ; elle ne laisse pas aux élèves la liberté de bifurquer, mais, en décidant que nul ne pourra passer d’une classe inférieure dans une classe supérieure sans avoir subi un examen d’aptitude, elle arrive naturellement au même résultat ; car l’effet de cette mesure, si toutefois elle est appliquée, — ce qui est douteux, — sera de rejeter hors des humanités les enfants pour lesquels celles-ci n’ont point d’attrait et de les pousser vers les sciences, où peut-être ils rencontreront une voie qu’ils chercheraient en vain ailleurs.

De ceci on n’a trop rien dit, peut-être parce qu’on n’a pas vu jusqu’où s’étendaient les conséquences des prémisses. Mais la circulaire supprime les vers latins, et il

  1. La circulaire du 27 septembre 1872 est aujourd’hui lettre morte ; un rapport de M. Patin (voir Moniteur universel, 30 septembre 1875) ramène l’enseignement secondaire aux errements du passé. Les vers latins, le thème latin, proscrits à la suite d’une révolution politique, sont rétablis à la suite d’une révolution parlementaire. La réforme tentée n’a pu produire aucun résultat ; elle n’a pas duré un an.