Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/110

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le pied dans nos musées, et ils diraient que la Sainte-Chapelle a été bâtie par Louis XIV, car jamais ils n’ont entendu parler d’archéologie.

Faut-il plaindre ou blâmer ces jeunes gens ? Il faut les excuser, car ils apportent là le fruit des méthodes d’enseignement qui les ont fatigués sans les instruire. On les reçoit néanmoins, malgré leur médiocrité en toutes choses et leur flagrante ignorance ; d’abord parce que l’examen de bachelier ès lettres n’est qu’une simple formalité qui équivaut à un certificat d’études, et qui n’ouvre la porte d’aucune carrière ; ensuite parce qu’aujourd’hui la loi militaire les talonne, que le régiment va les prendre, les éloigner de tout travail intellectuel, qu’ils sont arrivés à la limite d’âge fixée pour les débuts du service, qu’il faut leur assurer le bénéfice du volontariat d’un an, et qu’en présence de ces motifs, qui se fortifient l’un par l’autre, les examinateurs ont une indulgence de nourrice. Et puis, ils n’ignorent pas, ces hommes savants entre tous, qu’on ne peut avoir tout appris ; ils se rappellent peut-être qu’un des leurs, qui fut maître de conférences à l’École normale et lauréat de l’Institut, a mis une note spéciale à un livre qu’il traduisait pour expliquer au lecteur étonné que le phénicoptère est un poisson ; cependant, comme professeur de grec, il avait certainement lu Aristophane, et il aurait pu se souvenir du personnage emplumé qui, dans les Oiseaux, fait son entrée à la grande joie de Pisthetœrus, en disant : Torotix ! Torotix ! Si les maîtres sont sujets à de telles erreurs, il est juste de ne pas être trop sévère pour les élèves.

Il me semble que cet examen de bachelier ès lettres, qui met fin à l’enseignement secondaire, est bien mal combiné ; il n’est pas à détruire, il est à modifier. Tout le monde parait d’accord aujourd’hui pour reconnaître que, si l’étude des langues mortes, — des langues im-