Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/226

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ou à rendre, et les fontaines banales n’en coulaient pas mieux. Le moyen imaginé pour calmer les plaintes du public fut étrange. Une ordonnance municipale du 28 novembre 1553, qui eut besoin d’être appuyée par lettres patentes du 15 mai 1554, rapporta toutes les concessions faites et les rétablit immédiatement au profit de nouveaux titulaires. Malgré l’érection de la fontaine de Birague en 1579, Paris était fort altéré, et il fallut attendre la fin de la Ligue et l’entrée de Henri IV à Paris pour que l’on s’occupât sérieusement de cette question vitale. Une série de mesures provoquées par le roi et adoptées de 1594 à 1598 réduisirent à quatorze le nombre des concessions.

À cette époque un fait nouveau se produisit dont il faut tenir compte, car il constitue l’origine d’un revenu qui est aujourd’hui considérable. Martin Langlois, prévôt des marchands, offre dans cette même année 1598 une rente de 35 livres 10 sous à la ville de Paris en échange d’une concession qu’il demande ; de plus, à quelques années de là, le chancelier de Bellievre reçoit deux lignes d’eau en compensation d’un terrain abandonné par lui. Le principe est donc admis, il appartiendra à notre temps de l’appliquer d’une façon régulière et normale. C’est encore sous le règne de Henri IV que les habitants de la rive gauche eurent leur première fontaine, qui fut construite au Palais de Justice en 1606 par ordre de François Miron. Elle était alimentée par l’eau des Prés-Saint Gervais, qui passait dans une conduite placée sous le tablier du pont au Change.

Les mauvaises habitudes avaient repris ; des concessions courtoises avaient encore été octroyées, l’eau manquait. Henri IV fit un coup d’autorité : il examina lui-même l’état des distributions et, par lettres patentes du 19 décembre 1608, il annula toutes les concessions, à l’exception de celles dont jouissaient le comte de Sois-