Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/248

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dans ces longues galeries souterraines, celle de l’eau subit cependant quelquefois des soubresauts assez vifs, — de 26 degrés à 0, — ce qui suffit pour produire dans le ciment des contractions, et par conséquent des fissures. Or nul n’ignore qu’un vase fêlé laisse échapper l’eau qu’il contient ; il faut donc réparer en toute hâte l’aqueduc. On use alors d’un moyen fort ingénieux : au lieu de refaire la paroi détériorée, on y creuse un caniveau intérieur en briques que l’on conduit à même hauteur dans la paroi placée vis-à-vis ; cela fait une sorte d’arc creux qui passe sous la cunette ; par l’une des ouvertures on verse du goudron liquide qui prend niveau et oblitère la fissure. L’eau coule donc de nouveau sur un corps absolument imperméable et gagne ainsi sans déperdition les larges bassins, où elle se repose avant d’être distribuée dans les différents quartiers de la ville.

L’Ourcq aboutit à l’angle de la rue du Rocher et du boulevard des Batignolles, dans deux vastes réservoirs accolés qui jaugent facilement 9 000 mètres. La construction en est vicieuse, car ils sont à ciel ouvert ; l’eau y subit toute sorte de mauvaises influences, elle peut y geler en hiver, y tiédir en été ; la poussière y arrive à flots par les vents d’est ; le voisinage d’une gare de chemin de fer lui envoie des escarbilles et de la suie ; parfois elle « surit », se couvre de pointillés verdâtres et ne tarderait pas à être envahie par des végétations de mauvais aloi si l’on n’y veillait attentivement. Aussi les réservoirs de Monceaux exigent des soins incessants. Tous les deux ou trois mois, il faut les mettre à sec ; on en jette le contenu dans un égoût à l’aide d’une vanne de communication ; on récure les bassins, on les débarrasse des dépôts qui les encombrent, puis on ramène l’eau, et c’est bientôt à recommencer.

Pendant le siège, l’Ourcq nous manqua ; le 23 septembre 1870, il n’y avait plus assez d’eau dans le comp-