Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/251

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labeur de huit années, la sonde tomba tout à coup. Était-ce encore un nouveau malheur, qui cette fois serait peut-être irréparable ? Non ; c’était l’eau, qui lentement monta à travers le tube et s’élança toute fumante à une hauteur de soixante pieds. La victoire restait aux prévisions de la science et à la courageuse perspicacité des ingénieurs[1].

La source, à son apparition à la lumière, avait une température exacte de 27°,67. Ce fut un succès qui dégénéra vite en engouement ; on se mit à rêver d’eaux thermales, bienfaisantes à toutes maladies : aux railleries avait succédé un enthousiasme que fort heureusement l’on n’écouta pas, car chacun proposait de nouveaux forages. Un regard solidement construit couvre l’emplacement où la source même a jailli ; l’eau, captée dans une conduite, est dirigée à quelques pas de là au milieu de la place Breteuil, où elle trouve deux tuyaux placés verticalement et dans lesquels elle s’engage pour épuiser sa force d’ascension.

Ce château d’eau, tout le monde le connaît ; il est en fonte, s’élève à une hauteur de 42m,85, est couronné d’une sorte de coupole ornée de trois galeries circulaires à pans coupés, accosté d’un escalier en vrille et posé sur un large socle de pierres de taille ; avec de grandes prétentions à la légèreté, c’est fort lourd et tout à fait disgracieux ; cela ressemble à ces chefs-d’œuvre de confiserie qu’on appelle des pièces montées. Lorsque l’on pénètre dans le monument, on reste surpris de voir que les voussures du spacieux caveau qui forme l’intérieur du soubassement sont disjointes, et que le ciment dont on essaye de les relier entre elles ne cache guère l’écartement dont elles sont séparées. C’est que le vent,

  1. M. Mulot est décédé le 11 avril 1872 ; jusqu’au jour de sa mort, il toucha une pension de trois mille francs qu’une délibération du conseil municipal de Paris, en date du 15 mars 1841, lui avait attribuée.