Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/270

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et ils ne tarderont pas sans doute à être remplacés par des fontaines dont le tuyau ira se brancher sur les larges conduites où coulent la Seine, l’Ourcq, la Dhuis, où va couler la Vanne, et ils disparaîtront sans même laisser le souvenir légendaire qui a survécu à nos anciens puits publics que tant d’ordonnances royales, d’arrêtés de la prévôté, recommandaient de ne jamais laisser découverts.

Quelques rues ont conservé le nom de ceux-ci, quoique le plus célèbre d’entre eux, le Puits d’Amour, qui était situé non loin des halles, dans la rue de la Truanderie, ait été tari, comblé, rasé, sans laisser de traces. Il n’en est point ainsi de ce puits à écho dont le sobriquet a été donné à la rue du Puits-qui-Parle, ni du puits que le tanneur Adam-l’Hermite avait fait creuser dans le quartier Saint-Victor ; nous avons connu les rues du Puits-Mauconseil, du Puits-de-Fer, du Puits-du-Chapitre, du Puits-Certain, du Bon-Puits, et enfin la rue du Puits qui, après avoir été la rue du Bout-du-Monde, est devenue l’impasse Saint-Claude-Montmartre. Les fontaines marchandes, les fontaines à la sangle, les porteurs d’eau iront rejoindre les puits publics, et nos enfants, qui auront de l’eau avec facilité aux derniers étages des maisons les plus élevées de Paris, s’étonneront que nous ayons conservé si longtemps ces moyens primitifs de pourvoir à l’un des plus impérieux besoins de l’homme.

On prend à la ville beaucoup plus d’eau qu’elle n’en vend, mais elle n’y regarde pas de trop près et fait bien ; la proportion dépasse cependant quelque peu ce que les marchands appellent « la bonne mesure ». Les abonnés à l’eau de l’Ourcq par exemple payent pour 36 822 mètres cubes quotidiens ; mais, comme ils consomment à robinet libre, ils versent par jour 70 000 mètres : c’est presque le double de la quantité à laquelle ils ont droit. Si la jauge était régulière ou possible, la ville augmen-