Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/296

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assister aux fêtes du sacre de Napoléon, sur le front duquel le pape allait poser la couronne éphémère de l’empire. Philippe Le Bon fut invité ; le jour même du couronnement, 2 décembre 1804, il sortit le soir dans les Champs-Élysées et y fut assassiné. On a prétendu que quelques hommes de la bande de Cadoudal, restés à Paris, l’avaient pris pour l’empereur et l’avaient mis à mort ; c’est là une des mille rumeurs contradictoires qui coururent à cette époque sur un événement dont nul encore n’est parvenu à percer le mystère. Philippe Le Bon avait trente-sept ans, et l’on peut dire qu’il mourut tout entier, emportant dans la tombe un nom qui fût devenu illustre entre tous, et que l’on est surpris de ne pas lire sur les murs de cette halle construite aux Champs-Élysées pour y loger l’Exposition universelle de 1855.

La veuve de Philippe Le Bon essaya en 1811 de renouveler, rue de Bercy, dans le faubourg Saint-Antoine, les expériences du thermolampe ; elle y réussit et attira la foule, qui s’émerveilla. L’Académie des sciences fit un rapport auquel prirent part Gérando et Darcet ; l’empereur, par décret du 2 décembre 1811, accorda une pension de 1 200 francs à madame Le Bon, qui n’en put jouir longtemps, car elle mourut en 1813. La découverte échappait à la France ; elle ne devait y revenir qu’en 1815 avec les alliés, car le brevet de Philippe Le Bon expirait en 1814, et l’on n’avait point songé à le renouveler au nom de son fils mineur. Le brevet fut pris par un Allemand naturalisé Anglais, nommé Winsor, qui dans une polémique postérieure, dont on peut trouver trace dans le Journal des Débats du 9 juillet 1823, reconnaît « avoir été un des premiers en 1802 à rendre un tribut d’éloges à M. Le Bon ». C’était encore une application du Sic vos non vobis dont l’histoire des inventions est faite. La famille de Philippe Le Bon était