Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/30

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tonnade bleue rayée de blanc sont placés sur des tabourets, près de la table ; devant l’un, des boîtes sont répandues, des bâtons de cire à cacheter commune sont disposés, et un bec de gaz brûle constamment ; devant l’autre, il y a des écheveaux de gros fil et de fortes aiguilles ; le premier est le garçon boîtier, le second est le garçon couseur. Debout, faisant la navette entre le guichet et la table, sur laquelle je vois une balance et un trébuchet, le garçon peseur complète le personnel indispensable à la régularité d’un engagement.

L’individu qui se présente au Mont-de-Piété pour emprunter s’appelle un public. Presque toutes les administrations ont ainsi à leur usage une série de vocables avec lesquels le Dictionnaire de l’Académie n’a rien de commun, et qui sont nés des obligations mêmes du service, qu’ils facilitent singulièrement ; nous en verrons bien d’autres tout à l’heure. Le public dépose sur une planchette le gage, que saisit le garçon peseur ; celui-ci, lorsque c’est un bijou, un couvert, le jette dans la balance, et, à très-haute voix, énonce l’objet, dit s’il est en or ou en argent, combien il pèse ; puis il le passe au commissaire-priseur, qui l’examine, l’éprouve aux touchaux, s’il a des doutes sur la sincérité du métal, compte les diamants, s’il y en a, vérifie si le poinçon indique le premier ou le second titre, et offre une somme qui, quatre-vingt-dix fois sur cent, est acceptée. L’employé aux écritures fait remettre au public, devenu engagiste, une fiche reproduisant les deux derniers chiffres du numéro porté au bulletin qui indique la date, la valeur de l’estimation, celle du prêt, la désignation du nantissement ; le commissaire-priseur y ajoute : Bon pour la somme de… et signe. C’est là l’état civil du nantissement ; il ne le quittera plus.

Ce bulletin est passé par une bouche de boîte à lettres dans une chambrette contiguë, où il est reçu par