Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/302

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rieurs des chapelets de varices dont on ne guérissait jamais.

La pâte est ensuite divisée en pavés carrés qui sont remis aux mouleurs. Ceux-ci sont chargés de confectionner la cornue. L’argile est étendue sur la face interne de moules en bois composés de plusieurs pièces que l’on superpose facilement jusqu’à la hauteur réglementaire. C’est à coups de marteau qu’on l’applique, car on ne saurait prendre trop de soins pour donner à la terre une cohésion parfaite et une épaisseur aussi égale que possible. Une simple feuille de papier mouillé suffit à éviter toute adhérence entre le moule et la matière plastique. Lorsque la cornue sort de là, elle est grise, luisante et d’un poids considérable. On lui fait alors au sommet une série de rainures assez profondes en forme de T retourné destinées à fixer plus tard les boulons de l’armature de fer qui en feront réellement un vase clos. Terminées, les cornues ressemblent à de petites tourelles couronnées de créneaux. On les place dans un courant d’air pour qu’elles perdent l’humidité qu’elles contiennent encore, puis, lorsqu’on les croit suffisamment sèches, on les fait cuire. C’est une grosse opération, qui exige dix-huit journées de vingt-quatre heures. On les porte dans le four immense ; on les dispose de telle sorte que la chaleur puisse circuler autour et en pénétrer toutes les faces ; puis on mure l’ouverture à l’aide de briques réfractaires et l’on allume le feu.

Il faut ne pas « saisir » l’argile encore humide, qui se briserait en se rétractant sous un souffle trop chaud ; on procède donc avec une prudente lenteur. Pendant six jours, on entretient un feu moyen ; puis on active le foyer, et pendant six autres jours le fourneau dégage la température du rouge-cerise. Les six derniers jours sont employés à ralentir progressivement la chauffe,