Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/304

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huche en forte tôle boulonnée que l’on nomme le barillet. Le barillet est surmonté d’une série de tuyaux qui se dégorgent dans une immense conduite traversant tout l’atelier à hauteur du plafond : c’est le collecteur ; en outre, un tuyau vertical partant également du barillet, et descendant le long de la muraille du fourneau, semble se perdre dans le sol et correspond à un canal souterrain. Dès à présent on peut deviner ce qui se passe : les matières gazeuses, montant par les tuyaux d’ascension, se réunissent dans le collecteur ; les matières solides ou liquides, déversées dans le barillet, s’en échappent et coulent vers la terre par la conduite qui leur est réservée.

Devant les batteries, des tas de charbon de terre sont répandus ; la houille est mise face à face avec le foyer qui va la dévorer. C’est là une précaution naturelle ; mais il est de première nécessité dans les usines à gaz de ne jamais employer que des charbons secs. Seul le charbon sec fournit un gaz léger, pur, éclairant ; s’il était imprégné d’humidité, il ne donnerait que des produits de qualité si médiocre qu’il serait difficile de les utiliser. C’est pour cette raison qu’à La Villette les monceaux de houille sont abrités par des hangars, et que les provisions nécessaires à la distillation sont toujours amassées dans l’atelier même, plusieurs jours à l’avance, afin d’atteindre une siccité presque complète. Chaque demi-batterie de huit fours est servie par huit hommes : un chauffeur, deux chargeurs, un tamponneur, quatre déluteurs. La cornue est ouverte ; les deux chargeurs arrivent, ramassent à l’aide de larges pelles la houille étalée devant eux, et la lancent dans la cornue. L’inflammation est instantanée ; dès que le charbon de terre a touché l’argile rougie au feu, il flambe. En deux minutes, une cornue est chargée ; elle a reçu environ 140 kilogrammes de houille. L’adresse de ces