Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/325

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Il y eut sous Henri II une tentative très-importante d’assainissement de la ville ; un maître de forges, nommé Gilles Desfroissis, voulut faire admettre une idée qui nous paraît bien simple aujourd’hui, et qui fut alors considérée comme impraticable. Au lieu de jeter les égouts dans la Seine, qu’ils infectaient, il voulait amener la Seine dans les égouts, afin que ceux-ci fussent toujours nettoyés par un courant d’eau vive ; de plus il proposait de rendre navigables les fossés de l’enceinte de Charles V en y introduisant un bras de la Seine pris à l’Arsenal et conduit jusqu’à la porte du Louvre ouverte sur la berge. Dans cette rivière, il eût détourné au besoin les égouts de la ville, et eût du même coup vivifié cette portion des fossés qui, traversant la place actuelle du Carrousel, recevait toutes les immondices des environs et n’était plus qu’un bourbier putride. Philibert Delorme appuyait le projet ; on discuta pendant deux années, 1550, 1551, et la proposition fut définitivement repoussée par le bureau de la ville. À cette époque, la rive gauche n’était guère mieux partagée que la rive droite ; tout ce qui n’était pas absorbé par la Bièvre tombait dans les fossés, à la hauteur de la porte Bucy, et glissait vers la Seine, au pied de la tour de Nesles, quand la vase trop épaisse n’oblitérait pas complètement le canal, dont la pente était presque insensible[1].

Sous Henri IV, il se passa à propos des égouts un fait qui doit être unique. François Miron, prévôt des marchands, à qui Paris doit tant, fit en 1605 voûter à ses frais l’égout du Ponceau, depuis la rue Saint-Denis jusqu’à la rue Saint-Martin ; il est probable que, rencontrant de l’opposition de la part des échevins, qui se refusaient à

  1. Avant de se dégorger dans la Seine, le fossé Bucy franchissait un pont en bois à trois arches qui donnait accès à la porte de Nesles ; la ville de la rive gauche s’arrêtait donc alors à l’endroit où nous voyons actuellement la place Conti.