Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/329

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Louis XIV, qui se souvenait des mauvais jours de la Fronde, avait établi ses demeures à Versailles. Paris avait brisé l’enceinte de murailles qui l’étreignait ; Louis XIV victorieux, ayant reculé les frontières de la France, estima qu’une capitale placée au centre du royaume n’avait plus besoin de fortifications. De 1670 à 1671, les remparts furent aplanis et plantés d’arbres depuis la porte Saint-Antoine jusqu’à l’extrémité de la rue Poissonnière ; en 1686, ce travail fut continué jusqu’à la porte de la Conférence. C’est là l’acte de naissance de nos boulevards intérieurs. La ville n’avait donc plus de limites, elle s’étendait ou pouvait s’étendre à son aise dans la campagne, car le mur d’octroi qui fit tant crier les Parisiens ne fut élevé que de 1784 à 1787.

La municipalité, espérant retenir les gens de cour et voulant leur permettre d’habiter des maisons à jardins faites spécialement pour eux, obtint le 4 décembre 1720 des lettres royales qui l’autorisaient à construire un quartier nouveau entre la Grange-Batelière et la Ville-l’Évèque. Il ne suffisait pas d’avoir des terrains, il était même facile d’y bâtir des maisons ; mais qui viendrait les occuper ? Qui ne serait repoussé par l’horrible odeur que le grand égout répandait autour de lui ? On avait ordonné de voûter le confluent de l’égout Gaillon qui, traversant le boulevard, longeait le côté gauche de la rue actuelle de la Chaussée-d’Antin et se jetait dans le grand égout, dont le tracé suivait alors la rue Saint-Nicolas, où il recevait l’égout descendant du château des Percherons, qu’on appelait aussi le château du Coq.

Le grand égout devait également être voûté depuis la Grange-Batelière jusqu’à la rue d’Anjou. La ville recula devant de tels travaux, et les choses restèrent en l’état. Elles s’aggravèrent fort heureusement au point de né-