Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/49

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de leurs relations. Parfois ces sortes d’affaires vont plus loin qu’on n’imagine et menacent d’avoir un dénoûment désagréable. Un homme du monde, — un étranger, perd une forte somme au jeu ; il manque d’argent, il prend les diamants de sa sœur, qui y consent, et les engage au Mont-de-Piété. Il acquitte sa dette, veut trouver sa revanche, perd encore, et, ne sachant plus de quel bois faire flèche, vend la reconnaissance à un courtier de bas étage, qui opère le dégagement sans tarder et se défait immédiatement des parures au profit d’un jeune homme qui va se marier. Le Mont-de-Piété est désintéressé dans la question : ses actes ont été réguliers ; mais la sœur réclame ses diamants, mais le joueur, qui a eu une martingale heureuse, veut les racheter, et on ne sait où ils sont. À grand-peine on les retrouve chez un joaillier célèbre, qui avait brisé les montures pour les disposer au goût du dernier acheteur. Heureusement cet acheteur et le joueur étaient gens de même monde et se connaissaient ; l’affaire s’est arrangée à l’amiable entre eux, sans cela la justice aurait pu y regarder de près et demander à l’un des intéressés en vertu de quel droit il avait vendu la reconnaissance d’un nantissement qui ne lui appartenait pas.

L’indigence vient rarement au Mont-de-Piété ; je l’y ai attentivement cherchée, et je ne crois pas l’avoir aperçue. Un fait le prouvera et renversera sans doute bien des idées acceptées à priori, sans discussion ni critique. Le peuple anglais, ému des souffrances dont Paris avait été accablé pendant la période d’investissement et animé d’un esprit de charité dont nous ne saurions être trop reconnaissants, nous envoya des secours abondants aussitôt que le blocus fut entr’ouvert ; on expédia entre autres une somme de 20 000 francs qui devait être spécialement employée à délivrer les instruments de travail que les ouvriers avaient nécessairement été contraints