Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/56

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fréquent que l’on pourrait presque dire qu’il est général. L’engagement des marchandises neuves est regrettable lorsqu’il est opéré en masse, par un négociant qui cherche à raffermir son crédit ébranlé, qui est sur le point de faire faillite et qui met au Mont-de-Piété ce qui légalement forme le gage de ses créanciers. Comment éviter un pareil abus sans en créer un bien autrement grave, puisqu’il atteindrait immédiatement la majeure partie, sinon la totalité, du petit commerce parisien ? Le négociant aux abois qui veut tromper ses créanciers les trompera toujours ; le nantissement déposé au Mont-de-Piété est diminué, il est vrai, de la valeur du prêt, mais la valeur totale n’est pas détruite, et il est facile de mettre opposition sur les gages ou sur les bonis de vente, qui représentent toujours à peu près moitié du prix normal des marchandises. C’est donc là encore une sorte de garantie pour les créanciers, qui sans cela seraient exposés à ne trouver que des rayons vides, car tout ce que ceux-ci contenaient aurait été vendu à vil prix à des industriels de bas étage.

Il ne faut pas croire que le Mont-de-Piété s’endort et qu’il se contente d’exciper de sa bonne foi ; il déploie au contraire vis-à-vis des chineurs, des piqueurs d’once, des emprunteurs douteux de toute espèce, une activité très-énergique. Si la Banque de France a un bureau spécialement chargé de reconnaître la valeur morale des signataires des billets envoyés à l’escompte, le Mont-de-Piété n’a pas négligé de se renseigner sur ses clients suspects ; lorsqu’il s’en méfie, il leur interdit l’engagement en vertu d’un arrêt péremptoire de la direction. Comment il arrive à n’être que rarement trompé, à découvrir au milieu des objets qui l’encombrent celui qui parait avoir été volé, pourquoi il fait surveiller telle personne plutôt que telle autre, comment il parvient souvent à contrôler la provenance de certains nantisse-