Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/81

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bles dont il demande l’explication, des préceptes de morale et d’hygiène quotidienne ; ne ferait-elle que le retenir et l’empêcher de courir dans les rues, elle lui rend un service signalé.

Rien n’est plus divertissant à voir que ces bambins rangés à la file, les mains sur les épaules les uns des autres, marchant bruyamment en mesure et chantant sur l’air des Alsaciennes : Nous nettoierons nos chaussures et nous laverons nos mains ! ou de les regarder lorsque, guidés par la baguette du moniteur, ils braillent à tue-tête : Ba, be, bi, bo, bu ! Parfois, lorsqu’ils reniflent trop fréquemment, on interrompt la leçon et on leur dit : Mouchez-vous ! Alors, tous à la fois, ils tirent de leur poche une loque informe et se mouchent avec un ensemble extraordinaire ; puis ils se remettent à crier de plus belle : Ba, be, bi, bo, bu ! Il faut être là quand ils arrivent de la maison paternelle, le petit panier au bras, la mine fouettée par le froid du matin. La directrice, la sous-maîtresse, une bonne, les reçoivent, les mènent près d’un grand lavoir en marbre et leur donnent des soins de propreté dont ils n’ont que trop souvent besoin. Lorsqu’un enfant vient à l’asile, propret, débarbouillé, peigné, il affirme par ce seul fait la moralité de sa famille.

À l’école, c’est plus sérieux ; on ne chante plus, on ne marche pas en cadence ; les enfants sont déjà de petits personnages pénétrés de l’importance de leur rôle ; cela ne les empêche nullement de sauter comme des cabris pendant les récréations, lorsqu’il y a une cour, ce qui ne se rencontre pas aussi souvent qu’on pourrait le désirer. Selon que les enfants sont plus ou moins nombreux, l’école est divisée en plus ou moins de classes ; j’en ai compté dix à l’école de la rue Morand. La classe est une grande salle éclairée par des vitrages latéraux ; le maître est dans une chaire assez