Cimetière, en grec, c’est ϰοιμητἠρίον, — l’endroit où l’on dort. Le vieux Paris ne les avait pas ménagés ; on enterrait partout : dans les églises d’abord, lieu d’honneur où l’on accordait sépulture en échange de quelque rente perpétuelle ; le donateur qui avait fait construire ou orner une chapelle à ses frais avait droit à s’y faire inhumer et parfois même d’y admettre quelques amis, témoin cette chapelle dédiée à saint Vincent de Paul, dans l’église Saint-Paul de la rue Saint-Antoine, où les La Meilleraye avaient un tombeau qui reçut le corps de Georges Cadoudal en 1804 et le garda jusqu’en 1814. Nos églises actuelles sont pleines encore de monuments funéraires, datant des siècles passés et indiquant avec quelle ardeur on se portait vers les lieux saints pour y reposer près des reliques sacrées, dont on espérait que le contact ne serait pas inutile au salut éternel, et dans la foi touchante que l’âme participerait au bénéfice des prières récitées chaque jour. Il n’y avait guère que les gros personnages de la noblesse, du clergé, de la robe, de la finance, qui fussent assez riches pour atteindre à ces grandeurs posthumes ; le menu fretin des trois ordres et toute la population s’en allaient simplement en terre, comme de petites gens qu’ils étaient.
Aussi les cimetières abondaient ; le plan de Gomboust est parsemé de groupes de croix cernés d’un trait qui l’indiquent : cimetière Saint-Nicolas, proche la rue Troussenonnain ; cimetière Saint-Paul, où Rabelais fut enterré sous un noyer ; cimetière Saint-Séverin, d’où s’élevait une buée malsaine quand soufflaient