Sons l’ancien régime, le prévôt des marchands, les échevins, les conseillers, et tous les magistrats qui constituaient l’édifité parisienne, étaient élus pour deux ans, devaient être nés natifs de Paris, comme l’on disait alors, et avoir rang de bourgeoisie. La Révolution de 1789 détruisit ces sages précautions et fut une invasion provinciale. Les esprits étaient fort émus et très-troublés ; la guerre d’Amérique, à laquelle nous avions pris part, avait fait germer des pensées d’indépendance et de self-government ; les philosophes, « les âmes sensibles », rêvaient un avenir meilleur et se préparaient pour le grand combat. En 1788, le père de Mirabeau disait de son fils : « L’heure des gens de sa sorte arrive à grands pas, car il n’est ventre de femme aujourd’hui qui ne porte un Artevelde ou un Mazaniello. »
Un fait indépendant des idées ambiantes n’accéléra en rien la révolution, qui depuis longtemps lancinait les esprits, mais lui donna, dès les premiers jours, un caractère de cruauté et de violence inexprimable. En 1785, on avait entrepris dans Paris des travaux d’embellissement assez semblables à ceux que le second Empire a exécutés ; pour les mener à terme, on avait appelé un grand nombre d’ouvriers de province ; faute d’argent, les travaux furent subitement interrompus en 1788. Les chantiers furent déserts, mais les manœuvres