Page:Du Camp - Souvenirs d’un demi-siècle, tome 2.djvu/36

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Le 20 août, Jules Brame, revenant du Conseil des ministres, jette son portefeuille avec colère et dit : « Tout le monde ment ; quoi que l’on raconte, je suis certain que les nouvelles sont mauvaises ; l’Impératrice éprouve ou affecte d’éprouver une confiance absurde ; on pontifie, on fait des phrases ; dans ce ministère, il n’y a pas un homme, il n’y a que des fantoches, boursouflés de rhétorique. Rien à faire qu’à mourir avec bonne contenance. Nous allons être assiégés, bombardés du dehors par les Prussiens, fusillés à l’intérieur par la canaille. Cela m’est égal, mais je ne veux pas crever de faim ; que l’on rassemble des vivres dans les caves, pour nourrir le ministère pendant trois mois. » L’ordre donné au vol fut trouvé suffisant et, dès le lendemain, un marché d’approvisionnement était passé avec l’épicier qui avait alors sa boutique à l’angle de la rue Caumartin et de la rue Saint-Lazare.