Page:Du Deffand - Correspondance complète de Mme Du Deffand avec ses amis, tome 1.djvu/257

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peu d’amitié, car on ne peut vous être plus tendrement attachée que je vous le suis. Je vous embrasse, madame, de tout mon cœur.

Voilà l’épitre de Voltaire que je vous renvoie. Le duc d’Ayen me charge de vous rendre réponse pour lui, et de vous faire mille très-humbles compliments de sa part.




LETTRE 5.


LA MÊME À LA MÊME.


Compiègne, 19 août 1740.

J’ai parlé, madame, à M. le Premier au sujet de votre affaire : il m’a dit en premier lieu qu’il était fort peu au fait de ce que cela pouvait valoir, ne lui ayant jamais appartenu ; secondement que vous auriez beaucoup meilleur marché, si vous vouliez attendre la mort de madame de Vaugué. Je n’entends pas trop cela, à vous parler vrai si vous vouliez lui en dire quelque chose, il est à Paris et m’a même dit qu’il irait trouver M. votre frère pour voir ensemble ce dont il s’agit. Si vous désirez toujours la maison je lui en parlerai encore, et en tirerai le meilleur marché que je pourrai : il faudra que vous ayez la bonté de me mander le prix que vous y voulez mettre, et j’agirai en conséquence. Vous ne devez pas douter du plaisir que j’ai de vous rendre service ; comptez que vous me trouverez dans toutes les occasions, et je serais très-aise d’en trouver quelqu’une qui puisse vous prouver jusqu’à quel point je vous suis attachée. Je ne puis vous dire au juste le jour que j’aurai le plaisir de vous voir. Le Roi s’en va mercredi prochain à la Muette, et y reste jusqu’à samedi, et le mercredi d’ensuite, il s’en va à Choisy. Je tâcherai de prendre un des jours devant le voyage pour souper avec vous. J’ai un autre arrangement dans la tête, qui est de venir avec madame de Luynes le samedi, jour que le Roi retourne à Versailles, d’y rester jusqu’au mercredi, que je pars pour Choisy, et que, dans la semaine d’après vous me donnerez à souper chez vous. Voyez si cela vous convient et mandez-le-moi. Adieu, madame, vous devez être excédée de moi ; je suis cependant charmée de vous dire que je vous aime, et que mon attachement et ma tendresse pour vous ne finiront qu’avec ma vie.