Page:Du Ryer - Dynamis, reyne de Carie, 1653.djvu/101

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Proxène

Oui, je lui soutiendrai ce crime épouvantable.

Bien que le malheureux ait dit pour se purger,

Que mon Amour jaloux a voulu se venger,

Et que, me diffamant par de honteux mensonges,

J'impute à son esprit les crimes de mes songes ;

Je soutiendrais de même en présence des Dieux,

Tout ce que je pourrai soutenir à ses yeux.

Il est vrai qu'il m'aima d'une amour bien ardente,

Puisque d'un si grand crime il me fit confidente,

Ne sachant pas qu'un coeur généreux et prudent,

Sera toujours du crime un mauvais confident.

Mais les Dieux protecteurs du pouvoir légitime,

Ont permis qu'il m'aimât pour découvrir son crime,

Qu'il choisit un objet, de qui la noble ardeur

Préférât l'innocence à l'injuste Grandeur ;

Et que pour rendre ici son châtiment extrême,

L'Amant fut accusé par son Amante même.

Enfin si j'ai brûlé d'un feu respectueux

Tandis que son amour me parut vertueux,

Je crois qu'ayant appris que j'aimais un coupable,

J'ai pu changer en haine un amour véritable,

Et que si le devoir doit le vaincre une fois,

C'est alors qu'il s'agit de l'intérêt des Rois.

Ha, Madame, j'ai honte, et je répands des larmes