Page:Du Ryer - Dynamis, reyne de Carie, 1653.djvu/19

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Vous-même pourriez-vous et sans honte et sans peine

Me connaître pour soeur, m'obéir comme Reine,

Si la crainte et l'honneur déshonorait mon sang,

Si je flattais un traître, et lui cédait mon rang ?

Non, non, si jusques-là ma gloire m'abandonne,

Je vous permets ici de m'ôter la Couronne,

Et vous mériteriez qu'un autre vous l'ôtât

Si vous ne vengiez pas la honte de l'État.

Trasile

Ô nobles sentiments ! Ha pardonnez, Madame,

À l'injuste soupçon qui glissa dans mon âme.

Cette feinte douceur dont vous flattiez Arcas,

M'avait fait soupçonner un Amour qui n'est pas ;

Et pour mieux m'éclaircir d'un soupçon si funeste,

J'ai feint tout le discours que votre âme déteste ;

Et que pour vous mon coeur qui peut tout défier,

Même en le concernant détesta le premier.

Oui, mon esprit confus vous a fait un outrage,

D'avoir osé douter de votre grand courage :

Mais pour le réparer, me voilà sans effroi

Tout prêt à vous venger sur Arcas et sur moi.

Dynamis

C'est par ce sentiment que je connais mon frère.