Page:Du Ryer - Dynamis, reyne de Carie, 1653.djvu/28

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Ne remportât chez vous que douleur et que flamme ?

Quoi, pour l'illustre prix de cette liberté

Que votre bras rendit à mon autorité,

Voudrais-je qu'un Monarque et si grand et si brave,

S'en retournât lié, s'en retournât esclave ?

C'est comme trop vouloir, avoir trop poursuivi,

De demander le coeur quand le bras a servi.

Remportez de ces lieux un coeur rempli de gloire,

Et capable à jamais de la seule victoire.

Si pour me consoler de votre éloignement,

Si pour me soulager d'un si fâcheux tourment,

Il ne m'est pas permis de me dire en moi-même,

Au moins si nous aimons, on nous aime, on nous aime ;

Enfin j'adoucirai des maux si rigoureux,

En me disant au moins ce que j'aime est heureux.

Poliante

Ha ne me faites point par cet oeil en colère

Le reproche cruel que je pourrais vous faire.

Lequel brûle aujourd'hui d'un feu plus véhément

Ou celle dont la voix a banni son Amant ?

Ou l'Amant qui fait voir par son obéissance,

Qu'il veut vivre et mourir sous la même puissance ?

Oui, je vous ai fait voir un rayon apparent

D'un esprit peu sensible et presque indifférent ;

Mais j'ai cru vous laisser par cette indifférence