Page:Du Ryer - Dynamis, reyne de Carie, 1653.djvu/5

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Quitte, quitte bientôt ces désirs pleins de gloire,

Ou te résous bientôt d'obtenir la victoire.

À force de remettre on perd ces nobles feux,

Par qui les grands desseins ont des succès heureux.

Le Ciel en te donnant le coeur et la naissance,

Te disait en secret aspire à la puissance :

Oui, le Ciel qui t'anime et t'échauffe le sein,

Par ces deux qualités confirme ton dessein ;

Et comme les désirs sont les premières ailes

Qui portent nos esprits aux choses les plus belles,

Il joint à ta naissance, il joint à ton grand coeur

La noble ambition qui te rendra vainqueur.

Ainsi, Trasile, ainsi les Dieux qui te formèrent,

En ta personne Illustre un grand Roi commencèrent,

Et veulent que ton bras par eux-mêmes poussé,

Achève maintenant ce qu'ils ont commencé.

Je sais, que pour régner comme un Dieu te l'ordonne.

Il faut même à ta Soeur arracher la Couronne,

Et que cette action qui te donne un État,

A la face et le front de crime et d'attentat :

Mais chasse de ton coeur les timides Maximes,

Un succès favorable efface mille crimes,

Et de quelques rigueurs qu'on se soit revêtu,

Le crime qui triomphe est appelé vertu.

Quoi ! Je verrais toujours comme un Esclave infâme

Ta vertu qui peut tout, sujette d'une femme !