Page:Du Ryer - Dynamis, reyne de Carie, 1653.djvu/56

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À l'avoir sous les pieds que l'avoir sur la tête.

Mais quoi que ce dessein m'offre un bien tout parfait,

Il n'est pas temps encor d'en venir à l'effet.

Je veux, je veux en Reine obtenir la victoire,

Et vaincre par le fer l'Ennemi de ma gloire ;

Je ne veux pas enfin que la nécessité

S'impute une action de générosité ;

Je ne veux pas charger un frère que j'estime,

D'un Sceptre qu'on dispute, et qu'attaque le crime ;

Car ce n'est rien donner, ou c'est donner bien peu,

Que de donner un Trône alors qu'il est en feu.

Quand j'aurai noblement triomphé d'un rebelle,

Quand il mordra la terre, et son sang avec elle,

Alors par des degrés et beaux et glorieux

Je descendrai d'un Trône aussi haut que les Cieux.

Je te présenterai le Sceptre avecque gloire,

En te le présentant du Char de la victoire.

L'honneur, que je veux seul, demeurera debout,

Et je ne perdrai rien quand je donnerai tout.

Alors sans ennemis donnant un Diadème,

Je croirai justement te montrer que je t'aime :

Car enfin si le Trône est quelquefois un bien,

C'est quand il est tranquille, et qu'il ne craint plus rien.

Trasile

Vous me donner bien plus en gardant la Couronne.