Page:Du Ryer - Dynamis, reyne de Carie, 1653.djvu/70

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Ainsi qu'à peine alors pus-je croire mes yeux

D'un acte si cruel et si prodigieux.

Je levai donc la tête, et je vis Poliante

Le visage enflammé, la main toute sanglante,

Qui retirait du corps du Roi mourant ou mort

Un poignard effroyable avec un grand effort.

Trasile

Il est vrai, qu'on trouva sur son corps déplorable

L'instrument de sa mort, ce poignard effroyable.

Euristène

À ce spectacle affreux et si plein de fureur,

Je tombe en même temps de faiblesse et d'horreur ;

Je voulus m'écrier, mais la douleur pressante,

Ou bien plutôt le Ciel retint ma voix mourante,

De peur que l'assassin, venant à m'aviser,

Ne perdit le témoin qui pouvait l'accuser.

Trasile

Mais pourquoi sachant bien le poids de cette affaire,

Avez-vous fait si tard ce rapport nécessaire ?

Euristène

C'est que jusqu'ici le destin a permis

Que je sois demeuré parmi les Ennemis :