Page:Du Ryer - Dynamis, reyne de Carie, 1653.djvu/92

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De peur de me tromper je ne veux croire rien.

Mais je dois regarder du Trône où je soupire,

Ce que tout l'Univers et peut croire et peut dire.

Si ce fameux Arcas qu'on déteste aujourd'hui,

Disait autant que vous, que croiriez-vous de lui ?

S'il confessait la fin d'un crime si funeste,

Répondez en un mot, que croiriez-vous du reste ?

Il aime, et vous aimez, et l'Amour en tous deux

Pourrait être suspect d'un crime si honteux.

Poliante

Moi soupçonné d'un crime ! Et me voir sans défense !

Ô Dieux, montrez-vous Dieux en montrant l'innocence.

Moi soupçonné d'un crime, et soupçonné par vous !

Quel foudre donnerait de plus sensibles coups ?

Voulez-vous me réduire à vous faire une image

De ce qu'a fait pour vous mon bras et mon courage ?

Et que pour me tirer d'un si funeste écueil,

J'emprunte ici la voix et les mains de l'orgueil ?

Je le puis, je le dois, on peut tout entreprendre,

Et l'on peut être vain quand c'est pour se défendre.

Songez combien de fois dans vos maux inhumains

Le Destin vous a mise au pouvoir de mes mains.

Si j'avais aspiré par ce crime effroyable

À la possession d'une Reine adorable,

J'aurais su contenter mon désir absolu