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HÔTEL DE CLUNY.

teaux et Fléaux d’armes, Épées de combat, Rapières, etc., fragments d’armures, Hauberts, Cimes à vue et vent, Brassards, Cuissards, Tassettes, Genouillères, Devant de grèves, etc., et surtout deux Épées à poignée d’acier, qui méritent d’être décrites, comme elles sont placées, à part.

L’une, Épée de cour sans doute, nous semble un prodige de travail et de réussite. Il a fallu beaucoup de talent, de goût et de soin pour extraire d’une masse d’acier ces deux génies si purs de formes et d’un mouvement si bien calculé que, bien qu’un côté soit consacré à l’écusson (dont le blason en relief aura sans doute été sacrifié en 1793 sur l’autel de la Peur), on ne s’aperçoit pas qu’il y ait un envers à la composition. Quel travail et quelle entente de l’art il a fallu aussi pour faire saillir du pommeau et de la coquille ces nombreux cavaliers en mouvement de combat !

Tous ceux de nos premiers artistes, qu’un long séjour en Italie a familiarisés avec ce qui reste, dans ce pays seulement, des travaux du même genre, en font honneur à Benvenuto Cellini[1], qui nous apprend, dans ses mémoires si curieux, qu’il s’est souvent exercé dans le travail de l’acier. Sur la lame sont gravés en creux les douze apôtres, dont la mission était cependant toute pacifique.

L’autre Épée doit être d’un travail espagnol ; la lame du moins porte, avec la date de 1444, la marque en

  1. Fameux orfèvre et sculpteur florentin, célèbre en Italie et en France, où il travailla long-temps pour François Ier. Nous donnerons, dans la note (R), quelques détails puisés dans ses mémoires.