Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/139

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Co tsey s’était retiré avec ses trois mille cavaliers pour aller joindre les troupes, qui dans la première surprise étaient sorties à Tchang gan ; et moyennant cette jonction, il se vit bientôt à la tête de quarante mille hommes.

Afin de suppléer par son adresse à ce qui lui manquait de force, il eut recours au stratagème suivant : il ordonna à un détachement de cavalerie commandé par un de ses meilleurs officiers d’aller camper sur les collines voisines, de se ranger tous sur une même ligne, de faire un bruit effroyable de tambours, et d’allumer pendant toutes les nuits de grands feux en différents endroits à la vue des ennemis.

Cette ruse lui réussit : les Tou fan commencèrent à craindre d’être enveloppés et accablés par toutes les forces réunies de l’empire, que conduisait un général dont ils connaissaient la bravoure et l’habileté : ils reprirent le chemin de l’occident, et bloquèrent la ville de Fong siang.

Ma lin qui commandait dans ce district, vint au secours de sa place, et ayant forcé un corps de l’armée ennemie dont il tua plus de mille hommes, il se jeta dans la ville pour la défendre. Dès qu’il y fut entré, il en fit ouvrir toutes les portes pour faire voir aux ennemis qu’il ne les craignait point.

Les Tou fan étonnés d’une conduite si extraordinaire, se confirmèrent dans leurs premières défiances, et ne doutèrent plus qu’il n’y eût quelque embûche dressée pour les surprendre. D’ailleurs, disaient-ils, ce gouverneur paraît ne faire nul cas de sa vie, il nous en coûterait trop pour nous rendre maîtres de la place, et affaiblis comme nous sommes par les fatigues que nous avons eu à essuyer, pourrions-nous soutenir l’effort d’une armée peut-être plus nombreuse que la nôtre, et composée de troupes fraîches ? Sur cela ils prirent le parti de se retirer, se contentant du butin qu’ils venaient de faire et par leur retraite, il donnèrent le temps aux Chinois de réparer la ville royale de Tchan gan, où l’empereur revint quelques mois après qu’il en fut sorti d’une manière si honteuse.

Ce temps ne fut pas long, et les troupes chinoises furent obligées de se mettre en campagne contre un nouveau rebelle nommé Pou cou qui s’était uni d’intérêt avec les Tartares Hoei he. Une mort subite enleva fort à propos ce rebelle. Les Chinois eurent l’adresse de désunir les deux nations, en excitant parmi elles la jalousie du commandement.

Yo Kolo qui commandait les Hoei he, voulut être nommé général de toute l’armée. Les Tou fan s’y opposèrent comme à une prétention contraire aux ordres qu’ils avaient reçus du roi leur maître, et déshonorante pour leur royaume fort supérieur au petit État de ces Tartares. Les généraux chinois qui étaient campés à leur vue, appuyaient secrètement les prétentions de Yo Kolo et enfin se joignirent à lui. Les Tou fan furent attaqués comme ils décampaient, ils perdirent dix mille hommes dans cette attaque, et furent fort maltraités dans leur retraite.

Le roi des Tou fan songea à réparer ses pertes. Il apprit que les Hoei