Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/172

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cet endroit ; on en bâtissait encore un huitième, et au bout de ceux-ci on en trouve un neuvième encore plus long, mais moins proprement bâti.

La campagne est encore assez plate, mais moins unie, moins cultivée, moins peuplée que les jours précédents. La terre est noirâtre, dure, et peu fertile. Nous ne fîmes ce jour-là que six lieues : les maisons qu’on rencontre sur la route ne sont que de terre et de paille.


Province de Chan tong.

Le 20 nous ne fîmes que six lieues jusqu’à un gros village nommé Hong hoa pou, qu’on dit être de la province de Chan tong, quoique d’autres nous aient assuré qu’on n’entrait dans cette province que deux ou trois lieues au-delà de ce village. La campagne est plate et plus unie que le jour précédent, et est très bien cultivée. Les hameaux y sont fréquents. Nous eûmes à passer trois petits ponts de briques de trois ou quatre arcades chacun, qui sont sur des torrents.

On trouve de distance en distance des espèces de guérites élevées dans la campagne pour placer des sentinelles. Depuis Sou tsien il n’y a plus de levée. C’est pour la première fois que nous vîmes un troupeau de moutons : quoique jusqu’à présent nous ayons toujours marché dans des plaines, où le plus souvent on découvre le pays à perte de vue de tous côtés, on ne voyait ni troupeaux, ni prairies. Les Chinois ne laissent reposer aucune de leurs terres, et consument tout ce qu’elle produit.

Le 21 nous commençâmes à voir plusieurs vergers d’arbres fruitiers dans la campagne, laquelle en cela ressemble à plusieurs de nos provinces de France : mais elle est mieux cultivée, et les maisons et les hameaux y sont beaucoup plus fréquents.

Tout le chemin que nous avons fait depuis Yang tcheou est le plus beau et le plus commode qu’on puisse voir : quoiqu’au milieu de l’hiver, nous n’y avons pas trouvé un seul mauvais pas. Il n’y a ni boue, ni pierres, ni même aucune inégalité : on dirait que c’est une allée de jardin.

L’après dîner nous fîmes encore cinq à six lis : la campagne est plate à l’ordinaire et bien cultivée. On y sème du blé et du riz, mais moins de riz que de blé. Nous eûmes ce jour là à main droite vers l’est un petit coteau, qui s’étend nord et sud en ligne droite. Nous couchâmes à Li kia chuang.

Jusqu’à cette bourgade nous avons vu dans la campagne quantité de ces rouleaux de pierres, partie cannelés, partie unis, pour aplanir les terres, et les aires où l’on bat le grain. Ce bourg est sur le bord d’une petite rivière qui est fort large vu sa profondeur.

Le 22 nous traversâmes cette petite rivière, et après avoir fait quatre lieues, nous arrivâmes à Y tcheou. La campagne toujours plate, et unie comme la Beauce, mais bien plus peuplée, les chemins secs et sablonneux. La ville ne me parut pas avoir plus d’une demie lieue de circuit, les murailles sont de briques et bien entretenues. Il y a plusieurs angles saillants, et des manières de bastions polygones ou faits en forme de fer à cheval.

Le gouverneur vint nous visiter à notre auberge. Il dépêcha un courrier pour avertir sur la route que nous étions prêts de passer, en quoi il nous rendit un grand service car sans cette précaution, il eût peut-être